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L’assurance récolte : que faire ?

L’année 2016 exceptionnelle a relancé la question de la souscription aux assurances récoltes. De nombreuses interrogations se posent sur l’intérêt ou non d’un tel contrat.
Est-ce utile ? Quel contrat ? Est-il « rentable » pour moi, agriculteur ? Les questions sont variées, une clé de lecture est nécessaire.

L’assurance récolte est un outil proposé par les principaux assureurs du marché. Contrairement à l'assurance grêle, il couvre un ensemble d’aléas (13 à ce jour) dont la sècheresse, les excès d’eau… pouvant causer des pertes de rendement.
Aujourd’hui, le taux de couverture est d’environ 27% des surfaces en grandes cultures et 23% en viticulture. Ce taux a tendance à diminuer ces dernières années mais, suite à 2016, il est probable qu’une nouvelle progression se produise.

Est-ce intéressant ?

L’assurance récolte ne doit pas être considérée comme un outil qui doit être « rentable ». C’est avant tout un outil permettant de sécuriser l’entreprise en cas de perte importante de rendement. La « production » est le premier risque d’une exploitation agricole et peut donc impacter la pérennité de l’entreprise.

  • L’assurance n’est donc pas indispensable, mais savoir comment gérer le risque en cas de coup dur est essentiel.

Comment gérer le risque ?

L’entreprise agricole est confrontée à différents risques : production, commercialisation, juridique, humain… Le risque production en est l’un des primordiaux car il va impacter directement le chiffre d’affaires. Plusieurs moyens existent pour gérer ce risque :

               - la rétention : avoir l’épargne disponible pour faire face au coup dur
               - le transfert : avoir une assurance pour compenser
               - le traitement : utiliser de la prévention, des outils de protection (irrigation, drainage…)

  • Savoir traiter ce risque en amont est indispensable et doit être le point à retenir de 2016.

Quel contrat choisir ?

Différents contrats existent, avec chacun un objectif différent et ne couvrant pas les mêmes risques.

               - L’assurance récolte à la culture : permet d’assurer une culture spécifique de l’exploitation. Le déclenchement et le paiement en cas d’aléas s’appréciera par culture. Toute la culture doit être assurée (pas uniquement quelques parcelles) et 70% de l’assolement doit être couvert.

               - l’assurance récolte à l’exploitation : permet de garantir un capital global en fonction de l’assolement. Le déclenchement et le remboursement s’appréciera globalement sur l’exploitation. Dans ce cas, le contrat de base dispose d’une franchise à 20%. L’avantage est une vision globale sur l’exploitation. En revanche, en cas de nombreuses productions, la compensation entre les cultures peut limiter le remboursement

               - L’assurance chiffre d’affaires : en plus de l’assurance récolte, une couverture sur le prix est adossée au contrat (sur le principe d’une option Marché à terme). Cela permet d’assurer un rendement avec un prix. Cela n’est possible que pour 3 cultures : Blé, Colza, Mais

A quoi dois-je faire attention ?

Différents éléments sur le contrat nécessitent une attention particulière.

               - variation sur le seuil de déclenchement : Le seuil de déclenchement correspond au niveau de baisse de rendement qui permettra de pouvoir faire fonctionner l’assurance (en fonction de votre historique). Ce montant, généralement de 30%, doit etre raisonné en fonction des variations potentielles sur votre exploitation.

               - franchise / seuil de déclenchement. Il faut bien différencier les deux car les taux peuvent être différents dans un même contrat. Parfois, la franchise est supérieure au déclenchement. Cela permet souvent de réduire le coût de l’assurance. Cela nécessitera une perte à hauteur du seuil de déclenchement même si le remboursement se fait à hauteur de la franchise. Cela peut être piégeant et nécessite une grande vigilance.

               - Les options : Plusieurs options sont disponibles (re-semi, rachat de rendement, qualité...). Bien peser l’enjeu de chacune par rapport aux caractéristiques de votre exploitation

Et la subvention ?

Au travers de la PAC, une subvention est octroyée à hauteur de 65% sur la part subventionnable. Cette part subventionnable correspond au contrat de base avec une franchise de 30%. Si vous choisissez une franchise à 20 ou 10%, la part subventionnable est toujours présente, mais sur la base à 30%. Cette partie est à chaque fois intégrée dans le coût de l’assurance présentée par votre assureur. Attention malgré tout à bien mettre la coche dans votre déclaration PAC.

 

L’’assurance est un outil complexe qui nécessite de bien prendre le temps de la réflexion et de réaliser des devis sur la base de plusieurs options. Elle doit également s’appréhender comme un outil de gestion des risques. Le risque « production » est majeur sur votre exploitation et en fonction de votre situation (drainage, irrigation, trésorerie, qualité des terres…) une réelle stratégie doit être mise en place.